Une vraie poule normande

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Malgré quelques récentes tentatives d’introduction, cette magnifique et imposante 

volaille normande, pourtant présente dans les dernières éditions du standard suisse, 

demeure fantomatique pour les éleveurs de volailles de notre pays. Fort heureusement, 

grâce à l’acharnement de quelques passionnés français, elle survit toujours, parfois bien 

loin de sa région d’origine… 

Cette belle volaille est originaire de la petite ville de Caumont-l’Eventé située dans le 

département du Calvados. Cependant, elle devait être répandue dans toute la Normandie, 

preuve en sont les très anciennes descriptions de la poule du pays de Caux qui à une certaine 

époque lui ressemblait étrangement. Outre la Normandie, le Maine, l’Anjou, jusqu’à la Loire 

et même les terres quelques peu au sud de ce fleuve, la virent s’épanouir. 

Royale 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette volaille n’est pas des plus courantes, tout 

d’abord du fait de sa très faible diffusion, puis par la forme caractéristique de sa crête. En 

effet, la tête de la Caumont est « coiffée » d’une crête en forme de couronne, attribut qui lui 

valut, dans le Maine et l’Anjou, d’être dénommée race de « Saint.Louis », probablement en 

raison de l’apparence « royale » que lui conférait cet attribut. Une petite huppe ou toupet 

complète cette tête pleine de noblesse. 

Une poule à deux fins 

La Caumont est une volaille rustique, bien adaptée au climat humide de la Normandie. C’est 

une poule d’herbage, très à l’aise pour chercher seule sa nourriture. De corpulence robuste, 

elle possède néanmoins une ossature légère garante d’une chair fine et savoureuse, rivalisant 

sur ce point avec des races réputées comme la La Flèche, la Crèvecoeur, la Houdan, la Bresse et la poule du Mans. Très médiocre couveuse, elle est en revanche bonne pondeuse, pouvant 

produire jusqu’à 170 œufs blancs par an, d’un poids de 60 grammes. Ses poussins 

s’emplument rapidement, sont très rustiques et s’élèvent sans problèmes. 

Tel le Phénix… 

Le standard de cette volaille a été créé en 1913 par le Caumont-Crèvecoeur club. Après avoir 

disparu, ce club s’est reconstitué en septembre 1995. Outre ce dernier, plusieurs associations 

l’on prise sous leurs ailes comme ; le club pour la sauvegarde des races avicoles normandes 

(C.S,R.A.N. 1989-1990), le Conservatoire des races avicoles de Normandie et du Maine 

( 1991) et en 2004, le Conservatoire pour l’élevage et la préservation de la basse-cour 

normande. Il faut bien dire que la Caumont revient de loin. En effet, après avoir beaucoup 

souffert suite à la seconde guerre mondiale, la Caumont selon la SCAF (Société Centrale 

d’Aviculture de France) était en 1977, considérée comme éteinte. 

Sauvée par un passionné 

Cependant, en 1982, M. Jean-Claude Périquet entreprit de lui donner un nouveau souffle. 

Pour ce faire, il utilisa un coq Crèvecoeur, race souvent comparée à la Caumont (alors que 

leurs caractéristiques raciales au niveau de la tête sont totalement différentes…), qu’il 

accoupla à des Gauloises noires. Il obtint en première génération des sujets à crête 

intermédiaire et un coq du type Augsburger (une Caumont sans huppe). Puis il accoupla ce 

coq Augsburger à des poules à crête intermédiaire, possédant également huppe et barbe. Il 

toucha au but en deuxième génération. En effet, il obtint parmi des sujets hétéroclites, des 

Caumonts et des Pavilly. A noter qu’à l’heure actuelle, mon lot de Pavilly donne parfois 

naissance à des sujets dont la crête est très proches de celle de la Caumont… 

Diffuser pour durer 

Obtenir un résultat est une chose, le conserver en est une autre… Dès lors, plusieurs éleveurs 

s’attelèrent à la tâche, au point que le club pour la sauvegarde des races normandes dénombra 

en 1993, 9 éleveurs français de Caumont. Ce chiffre est « malheureusement » resté identique 

selon les statistiques 1996. Lors du dernier championnat de France 2009 du club pour la 

sauvegarde des races avicoles normandes, 7 Caumont ont été présentées (4 coqs et 3 poules) 

par 4 éleveurs différents dont un Suisse… 

Aspect général 

Cette volaille de taille moyenne, possède un tronc long, large et cylindrique. Il faut en effet, 

des sujets bien charpentés pour afficher des masses de 3,5 à 4kg pour le coq et 2,5 à 3kg pour 

la poule. Le dos doit être légèrement incliné vers l’arrière, caractéristique que l’on retrouve 

chez ses consoeurs normandes. Les pattes, bien dégagées, sont de couleur noir plomb, et 

possède quatre doigts. Selon le standard français, les ongles doivent être de couleur noire, ce 

qui n’est pas toujours le cas, la couleur corne ou grise ayant tendance à apparaître. Le 

plumage de cette volaille est noir avec de beaux reflets vert scarabée ; toute trace de violet est 

donc à proscrire. Les plumes doivent être larges et bien collées au corps. 

La naine en procédure d’homologation 

A noter pour les amoureux des diminutifs, que la Caumont naine est en procédure 

d’homologation officielle depuis 1997, mais que pour l’heure, elle attend toujours son 

acceptation au standard en raison du fait que toutes les conditions d’homologation n’ont pas 

encore été remplies. La tête 

Cette dernière est, à elle seule, un véritable réservoir à particularités. Jugez plutôt : la tête est 

fine, légèrement aplatie et munie à l’arrière d’une petite huppe. La crête, principale 

particularité de cette race, est en forme de couronne, finement dentée à la partie supérieure, 

sans bouton de chair ou excroissance au centre. Un début de crête simple, qui ne se diviserait 

qu’après la deuxième dent, serait synonyme de défaut grave. Il faut savoir que pour ce type de 

crête, l’on punit de disqualification les mêmes défauts que pour une crête simple… Au vue de 

la très faible diffusion et de la difficulté de cette race, il faudrait compter sur une certaine 

« tolérance » dans son appréciation, mais cette remarque n’engage que moi… Les oreillons 

http://eco-poule.fr/img/articles/13-La_poule_Caumont/La_poule_Caumont.pngsont blancs et les yeux doivent être rouge     orangé et non bruns comme l’on en rencontre encore beaucoup. Bien sûr, toute trace de barbe est à proscrire ; elle serait l’héritage du croisement avec la Crèvecoeur. Un peu de génétique Pour ce faire, je me suis plongé dans l’excellent ouvrage de Gérard Coquerelle ; « Les Poules diversité génétique visible » paru en 2000 aux éditions INRA (Institut National de Recherche Agronomique) pour en tirer ces quelques lignes concernant la crête double en couronne.(Dc) Cette dernière est, outre pour la Caumont, l’apanage des races comme la Sicilienne ou l’Augsburger. Elle est aussi due à un caractère à dominance et à pénétrance (1)incomplète, cette dernière se vérifie surtout chez les femelles. Ainsi, si l’on croise un coq Caumontavec une poule à crête simple, on obtient en 

première génération (F1), des animaux avec deux types de crête. Le plus grand nombre est à 

crête dédoublée juste à l’extrémité arrière de la crête, mais environ 20% des sujets présentent 

une crête simple. (Somes, 1986-1991) En comptant les proportions de crêtes dédoublées et 

simple par sexe, Somes s’est aperçu que tous les mâles avaient la crête dédoublée à l’arrière, 

tandis que seulement 68% des femelles présentaient ce type de crête. 

(1) La pénétrance est la probabilité de manifestation d’un caractère (chez un 

individu ou une population). Elle peut être totale (cas de la plupart des gènes 

dominants) ou incomplète. Dans ce cas, elle s’exprime en % par rapport au total 

des observations. Sa situation en Suisse 

A ma connaissance, elle est pour l’instant quasi inexistante dans notre beau pays, même si un 

coq a été présenté (et disqualifié…) lors de l’exposition cantonale neuchâteloise de 2008. 

Pourtant, si des éleveurs courageux s’y intéressent, la possibilité de la voir s’implanter chez 

nous demeure réelle. En effet, grâce aux bonnes relations que le Club suisse des volailles 

françaises entretient avec nos voisins et amis français, se procurer des œufs où des sujets 

Caumont ne relève plus de l’exploit ! 

Un seul homme pour la faire connaître… 

En guise de conclusion, j’aimerais citer une phrase de M. Henri Voitellier, tirée de « Toutes 

les poules », ouvrage de 1924, écrit par Blanchon et Delamarre de Monchaux : « Cette 

modestie (parlant de la Caumont) cache une des meilleures. Il ne faudrait qu’un homme pour 

faire connaître ses qualités si complètes et si nombreuses ». Le Club suisse des volailles 

françaises existe, il ne reste plus qu’à trouver l’homme ! A bon entendeur… 

Pierre-Alain Falquet 2010 

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